« Si tu prends soin du sport, le sport prendra soin de toi ».
Depuis son arrivée au sein du programme canadien de parahockey, la question est devenue un véritable rituel.
Tout le monde connaît maintenant la réponse, mais c'est loin d'être la question.
« Chaque matin, s'émerveille le capitaine de l'équipe canadienne Tyler McGregor, depuis cinq ans maintenant, Mike entre dans la salle du déjeuner ou à l'aréna avec le même niveau d'énergie, le même enthousiasme. Et tous les matins, il demande à tout le monde : "Vous l’avez vu aujourd'hui ? "
« Et tout le monde répond: "vu quoi ?" « Et il renchérit : "Le soleil ! Le soleil ! Il s'est levé et ça veut dire que ce sera une bonne journée ! "
« Ça, c’est Mike.
« C'est le genre de choses que je retiens de lui. Son enthousiasme contagieux à l'égard de cette équipe et de ce programme.
« C'est tellement facile de se laisser emporter par tous les aspects négatifs. Mais Mike est quelqu'un qui aime vraiment la vie. Pour moi qui occupe un poste de dirigeant, j'essaie de m'imprégner de cet état d'esprit.
« Comment ne pas être influencé par cela ?
.jpg)
Mike Foligno a incarné pendant 15 saisons au sein de la LNH, sous les couleurs de quatre franchises, ce que signifie être un vrai pro. En 1 075 matchs (saison régulière et séries éliminatoires), il a accumulé 759 points et 2 234 minutes de pénalité.
Une volonté infatigable. Un effort non négociable. Un souci presque viscéral pour la cause, pour ceux qui l'entourent, pour l'état du jeu lui-même.
Et, ce qui est peut-être le plus mémorable, c'est le fameux " bond de Foligno " après avoir marqué un but, un élan de joie pure digne d'un lancement au Cap Canaveral. Aucun adversaire ne s'est jamais offusqué de ce geste spontané, venant du cœur.
« Oh, oui, nous l'avons vu », dit en riant le vétéran Adam Dixon, défenseur de l'équipe nationale para. « Bien sûr. Sur YouTube. C'est fou. De l'énergie à l'état pur. Mais après avoir rencontré Mike, on comprend parfaitement pourquoi ».
Après sa carrière de joueur, en 1995, Foligno s'est perfectionné en tant qu'entraîneur, chez lui à Sudbury, en Ontario, en tant qu'entraîneur et directeur général des Wolves de la Ligue de hockey de l'Ontario, ainsi qu'en tant qu'entraîneur adjoint dans la LNH à Toronto, au Colorado, à Anaheim et au New Jersey.
Aujourd'hui, il regarde avec fierté ses fils Nick et Marcus évoluer dans la LNH et perpétuer la tradition Foligno, Nick étant aujourd'hui à Chicago et Marcus au service du Wild du Minnesota.
« Il a su nous enseigner la joie que ce sport suscite en lui et en nous », déclare Nick Foligno, capitaine adjoint des Blackhawks de Chicago - un leader, comme son père. « Sa façon d'apprécier le jeu nous a tellement marqués. Je dis toujours aux gens une chose qu'il avait souvent l'habitude de dire, à certains moments de notre vie : Si tu prends soin du sport, le sport prendra soin de toi.
« C'est quelque chose qui nous a interpellés, Marcus et moi : ne pas tricher, jouer franchement, parce qu’en fin de compte, on joue pour gagner sa vie, si on est chanceux. La passion avec laquelle mon père jouait se voit à l'écran. Regardez les extraits. J'ai beaucoup de plaisir à montrer à mes enfants les vidéos de nonno (grand-père en italien). Leur raconter est une chose, mais pouvoir leur montrer ...
« La raison pour laquelle il est si respecté est qu'il a une personnalité très forte. Il a été un exemple pour Marcus et moi, tant dans les bons moments que dans les moments difficiles. Nous avons toujours essayé de prendre exemple sur lui ; il nous a constamment montré comment faire les choses de la bonne manière.
« Et c'est pourquoi je pense que mon père est si utile à une organisation comme Équipe Canada ou toute autre organisation, parce que je pense qu'il fait comprendre aux joueurs que c'est un privilège ».
.jpg)
Mike Foligno a certainement apporté le même niveau d'approfondissement et d'amour du jeu au programme canadien de parahockey.
« Avec Mike, on s'attend à ce qu'il connaisse le hockey et on a su en profiter, dit Dixon. « Mais ce qu'on ne savait pas avant de le rencontrer, c'était son niveau de passion et d'enthousiasme. De le côtoyer au quotidien à l'aréna... il apporte des éléments intangibles qui vont bien au-delà de ses connaissances en hockey et de ses statistiques de la LNH.
« C'est tout simplement la personne qu'il est. Et nous avons pu profiter de ça aussi ».
Le parcours n'a pas été sans peine. En juillet 2009, Janis Foligno est décédée après une lutte de cinq ans contre le cancer du sein. En hommage, la famille a créé la Fondation Janis Foligno à Sudbury, qui appuie divers organismes de bienfaisance locaux, dont le Fonds d'équipement pour le cancer du sein de la Fondation de l'Hôpital régional de Sudbury.
« Ce que les gens ne réalisent pas, c'est que ma mère était le pilier de notre famille », déclare Nick. « Elle était notre source de stabilité lorsque mon père s'absentait pour son travail d'entraîneur. Alors il y a eu un grand vide dans notre famille. Et je n'en reviens pas comment mon père a pu combler ce vide à bien des égards. Il faut lui reconnaître le mérite d'avoir pris ses quatre enfants dans ses bras, même s'il souffrait profondément, et d'avoir compris à quel point nous avions besoin de lui. Nous n'avions jamais perdu personne auparavant. Malheureusement, mon père avait perdu ses deux parents, l'un quand il n'était âgé que de 10 ans, et l'autre quand sa mère n'avait que 69 ans. Il a donc compris la douleur de ces moments et s'en est servi pour nous aider à nous remettre sur pied. Il a su aider notre famille à traverser une période très difficile... nous avons beaucoup de chance de l'avoir ».
Le style de coaching de Foligno s'est développé et peaufiné par l'exemple, en commençant par Jerry Toppazzini, un ancien Bruin de Boston et résident de Sudbury.
« Il ne me donnait pas un centimètre », explique Foligno. « Je devais tout mériter, comme tous les autres jeunes de l'équipe. Grâce à son style de coaching, à la discipline imposée aux jeunes joueurs et à la mentalité d'équipe qui consiste à prendre soin les uns des autres, les Wolves de Sudbury ont connu l'une des meilleures saisons qu’ils n’aient jamais eues.
La liste des entraîneurs pour lesquels Foligno a travaillé et qu'il a côtoyés comprend, entre autres, Scotty Bowman, Pat Burns, Roger Neilson, Tom Watt, Marc Crawford, Pete DeBoer et Randy Carlyle, un ancien coéquipier des Wolves.
« On retient tellement de petits trucs de gens comme ça », dit Foligno avec gratitude, « on les transmet et à partir de ce qu'on a vu, de ce qu'on a vécu, on développe son propre style. Mais, pour moi, le plus important a toujours été de prendre plaisir à ce que je faisais. Parce qu'on ne peut pas être performant si on ne s'amuse pas ».
Le coup de fil de Hockey Canada pour intégrer le programme national en tant qu'adjoint de l'entraîneur de l'époque, Ken Babey, a été une agréable surprise.
.jpg)
« Je venais tout juste de quitter la LNH, où j'étais adjoint (au New Jersey), puis dépisteur à Las Vegas. C'était quelque chose de complètement différent. Je leur ai dit : Je ne sais pas si je peux vous aider. Je n'ai jamais pratiqué le hockey sur luge auparavant. Mais il y a tellement de choses qui se recoupent, les stratégies, le développement des compétences, la camaraderie, le fait d'être professionnel.
« Ces éléments ne changent pas.
« C'est exactement la même chose, que je sois dans la LNH en tant que joueur, dans la LNH en tant qu'entraîneur, dans la Ligue américaine de hockey, chez les juniors ou ici. Lorsque nous sommes entraîneurs, nous le sommes pour gagner et pour nous assurer que nos joueurs comprennent leur rôle dans l'équipe, en leur enseignant les habiletés et les stratégies.
« Le plus important pour nous est de nous assurer que les joueurs réagissent de manière professionnelle.
« Je leur ai donc dit que je voulais absolument participer et apprendre.
Aujourd'hui, il fait partie de l'équipe de l'entraîneur en chef Russ Herrington, avec pour objectif de remporter l'or aux Jeux paralympiques d'hiver de 2026 à Milan/Cortina d'Ampezzo, en Italie.
« Russ considère qu'il s'agit d'un plan de quatre ans pour devenir Équipe Canada », explique Foligno. « Nous n'en sommes pas encore là. Nous y serons lorsque les Jeux paralympiques auront lieu en 2026, mais pour l'instant, nous sommes encore en train de devenir Équipe Canada.
« C'est notre philosophie. »
Les modes vont et viennent, mais le style Foligno reste intemporel.
Foligno, le patriarche, est bien sûr d'une génération différente de celle des joueurs actuels de para qui portent l'unifolié à l'échelle internationale.
Pourtant, le nom, le jeu, sont toujours d'actualité.
« Je suis plus âgé, j'ai 34 ans », explique Dixon. « Je connaissais donc Mike Foligno. Mon père, qui était très heureux d'apprendre qu'il aiderait à entraîner l'équipe, m'a raconté des histoires. Nous avons fait des recherches sur lui dans les archives du hockey. Mes collègues le connaissaient aussi ». Un petit rire. « L'un d'entre eux m'a même remis quelques cartes de hockey à faire signer.
« Je savais que c'était un grand joueur de hockey. Quand on voit ses fils jouer dans la LNH aujourd'hui et qu'on entend les commentateurs parler du legs de leur père, on se rend compte qu'il y a beaucoup de fierté familiale et beaucoup d'histoire.
Ces garçons reflètent cette fierté.
« Nous avons toujours eu à cœur de faire les choses de la bonne manière, dans la vie comme sur la patinoire”, souligne Nick. « Maintenant que nous sommes plus âgés, nous l'apprécions tout particulièrement parce que nous avons nos propres enfants et nous réalisons que nous devons être le même genre de père pour eux. »
Les moments et les souvenirs perdurent.
Nick Foligno se souvient d'avoir marqué un but en prolongation à Columbus. L'éternel Bob Cole était au micro de Hockey Night in Canada. Tout comme il l'avait fait lorsque le père de Nick avait marqué le but de la victoire en prolongation contre Detroit lors des séries éliminatoires de 1993.
« Et il l'a annoncé exactement de la même manière qu'en 1993, lorsqu'il avait marqué contre Détroit en séries éliminatoires.
La façon dont Bob Cole a dit : "C'est le but ! Un but de Foligno !" Exactement la même chose.
« Quand ton père marque un but en prolongation, tu ne l'oublies jamais, n'est-ce pas ? Je me suis dit que c'était vraiment génial d'avoir la même phrase, prononcée par le même annonceur, comme pour le but que j'idolâtrais quand j'étais enfant... Je ne l'oublierai jamais.
« Je n'étais pas au courant et on me l'a montré ensuite. C'était incroyable.
Mike Foligno s'est lancé dans le travail avec le parahockey sans se soucier de son importance, en dépit de son palmarès dans la grande ligue.
Il était avide de regarder, d'écouter et d'apprendre.
.jpg)
« De toute évidence, l'expérience a été différente pour lui », reconnaît McGregor. « Je donne beaucoup de crédit à Mike parce qu'il a fait preuve d'un respect immédiat pour chacun d'entre nous et était impatient d'assimiler tout ce qu'il pouvait, aussi rapidement que possible.
« On ne voit pas toujours ça de la part d'un entraîneur, surtout quand on vient d'un haut niveau de hockey pour valides. Nous nous sommes certainement sentis valorisés en tant que joueurs, car il nous a montré ça.
Il a suffi à Foligno de quelques tours de luge pour comprendre le degré de condition physique et d'habileté requis.
« Je n'avais aucune idée à quel point c'est difficile de faire ce que ces joueurs font, en patinant sur une seule lame, un seul morceau d'acier », avoue-t-il. "Lorsqu'ils atteignent le programme national, ils ont en fait deux lames, mais elles sont si proches l'une de l'autre que c'est presque comme si elles n'en formaient qu'une seule.
« J'admire ce degré de compétence. Le fait de monter moi-même sur la luge à quelques reprises, pour avoir une idée de ce que j'ai à enseigner, de ce que j'entraîne, m'a permis d'apprécier ce sport à sa juste valeur.
« Je me souviens d'avoir foncé dans la bande parce que je n'arrivais pas à tourner. Et c'était sans la rondelle. Imaginez le faire avec la rondelle et quelqu'un qui fonce sur vous.
« Une véritable révélation ».
Tout comme il a réussi à se faire apprécier des joueurs, ceux-ci ont réussi à se faire apprécier de lui.
« J'admire vraiment l'éthique de travail de ces athlètes », souligne-t-il.
« Bien sûr, ils ont besoin d'un certain ensemble de compétences pour participer au programme national, mais le simple fait de s'y mettre est impressionnant ».
« Nous avons un échantillon représentatif de jeunes, comme c'est le cas dans tous les autres sports para, qui viennent d'horizons différents. Certains d'entre eux ont déjà joué au hockey. D'autres n'ont jamais joué au hockey. Certains ne regardent même pas le hockey à la télévision.
« C'est donc tout un éventail de joueurs qui arrivent dans le programme et qu'il faut mettre au diapason, dans le même état d'esprit en termes d'éthique du travail, d'esprit d'équipe, d'esprit sportif. Il y a beaucoup de choses à travailler. Et, autant que possible, ils vous donnent le meilleur d'eux-mêmes. Ils sont comme des éponges. Ils veulent savoir. Ils veulent que vous leur appreniez. Ils veulent s'améliorer.
« C'est ce qui fait que ça en vaut la peine. Et j'ai pris énormément de plaisir à le faire ».
Même par temps couvert, Mike Foligno le voit. Qu'est-ce qu'il voit, me direz-vous ? Le soleil, bien sûr, qui perce les nuages.
« Parfois, j'entre dans la pièce », dit-il en riant, « et peut-être qu'ils ont perdu un match, qu'ils ont eu un voyage difficile, un vol difficile ou quoi que ce soit d'autre, et je dis : "Quelle heure est-il, les gars ?
« Et ils me diront : "Quelle heure est-il ? Il est, euh, 14h30".
« Et je réponds : "Non, non. Quelle heure est-il ?"
« Et ils me regardent et je leur dis :
"C'est l’heure du meilleur moment de votre vie ! Profitez-en !"
Toutes ces années plus tard, depuis qu'il a enfilé fièrement le chandail des Wolves de Sudbury pour la première fois à l'âge de 16 ans, Mike Foligno en profite toujours.
.jpg)
